samedi 16 juin 2007

Gödel, Escher, Bach: an Eternal Golden Braid

Avant de débuter, j'annonce ma découverte d'un autre jouet: amazon.com. Ou plutôt, les suggestions d'amazon.com.

"Mais JD, qu'est-ce donc que cela?"
Très simple, voilà ce que c'est. On se crée un compte d'utilisateur sur amazon.com, on donne des notes aux films/livres que l'on aime (ou pas) et on ajoute à sa "wish list" ceux qu'on ne possède pas mais qu'on aimerait avoir. En triant ces données et en les comparant aux autres utilisateurs du site, Amazon.com fait une liste (assez longue) de recommandations. Elles sont parfois assez loufoques (quoi?! on me recommande les fleurs du mal parce que j'ai aimé la cantatrice chauve?), parfois inutiles (Recommandation: The Little Prince. Raison: You have rated Le Petit Prince), mais après avoir fait un ou deux tri (en ajoutant les titres-dont-j'ai-entendu-parler-et-qui-m'intéressent à la wishlist et en cochant "Not Interested" pour les guides d'étude de l'École des Femmes de Molière), on obtient une liste assez hétéroclite (du moins... si on a des goûts hétéroclites comme les miens) de titres dont on a plus ou moins entendu parler.

Et comme je suis téteux, je remets le lien pour ceux qui ne l'ont pas saisi:
Ma wish list
V' viendrez pas dire que vous savez pas quoi m'acheter pour ma fête. (Jack & Gilles, je veux toujours une élection. Forcez-vous un peu, je suis sûr que vous allez trouver quelque chose. Stéphane, tu peux contribuer aussi.)

Douglas Hofstadter sur amazon.com
Sur Wikipedia (EN) (FR)

Le vif du sujet, donc. Ma dernière lecture: GEB: EGB. Le sujet ne peut être mieux expliqué que par Hofstadter lui-même dans sa préface 20 ans après la parution originale.

In a word, GEB is a very personal attempt to say how it is that animate beings can come out of inanimate matter. What is a self, and how can a self come out of stuff that is as selfless as a stone or a puddle? What is an "I", and why are such things found (at least so far) only in association with [...] certain kinds of gooey lumps encased in hard protective shells mounted atop mobile pedestals that roam the world on pairs of slightly fuzzy, jointed stilts?"

Tentative de résumé de JD de la tentative de réponse de l'auteur, spécialiste (à l'époque) d'intelligence artificielle et (aujourd'hui) de sciences cognitives: l'intelligence est atteinte lorsqu'un système formel (comme, par exemple, un cerveau, dont les neurones réagissent de façon rigide à des stimulants purement électrochimiques, pour former des concepts "mous" ou plastiques comme la pensée) peut référer à lui-même et que ses différents niveaux peuvent interagir les uns sur les autres, en violant les "règles" hiérarchiques établies. (On pense à Escher.) Mais pour en arriver là, l'auteur prend la peine d'expliquer ce qu'est un système formel mathématique et ce qui se passe lorsque celui-ci devient assez puissant pour référer à lui-même.

Le livre est construit en alternant chapitre théorique et dialogue (mettant en scène Achilles et la Tortue de Lewis Carroll, empruntés à Zénon, et leurs amis, le Crabe, le Fourmilier et le Paresseux). Ça peut paraître un peu étrange, mais à travers les situations bizarres que connaissent les personnages, on aborde de façon "pratique" ce qui est par la suite explicité de façon théorique dans le chapitre suivant.

Parfois aride, le livre décourage un peu pendant les chapitres les plus ardus, notamment ceux qui sont centrés sur la construction d'une autoréférence dans les systèmes formels mathématiques. Mais Hofstadter est un bon pédagogue, et il sait faire ressortir l'essentiel de sa conclusion même si on ne saisit pas chaque étape du raisonnement.

Les points forts du livre sont, pour moi, les dialogues, et sans le moindre doute. Chaque dialogue peut être lu assez simplement comme étant une brève mise en scène de la théorie qui est à venir, mais c'est manquer là l'essentiel. Dans GEB, aucun dialogue n'a de double-sens. Ils ont tous, au minimum, un triple-sens, où les idées farfelues s'allient parfaitement à une forme qui paraît très subtilement inorthodoxe, mais jamais fondamentalement étrange. Pourtant, les dialogues imitent les concepts musicaux de canon et de fugue (les styles préférés de Bach), en plus de receler des bonbons (le secret du Contracrostipunctus m'a tellement étonné que j'en suis resté figé pendant près de vingt minutes), qui sans nécessairement ajouter à la richesse du propos, ajoutent fortement à la valeur du livre pris dans son ensemble.

Très excellent livre que j'ai dévoré en deux semaines, malgré les 750 pages. Recommandé à tous ceux qui s'intéressent aux mathématiques, à la musique ou à l'art d'Escher, mais, surtout, à ceux qui se demandent: "Mais qu'est-ce qui fait que mes neurones peuvent construire quelque chose d'aussi complexe que x?", où x est une idée qui vous fascine.


Prochain livre: Incertain. J'hésite entre un Italo Calvino et L'insoutenable légèreté de l'être et un classique de littérature anglosaxonne (Frankenstein ou Gulliver). Mais j'ai hâte d'être à Québec pour pouvoir commander et/ou acheter The Selfish Gene. Ou les Gaïa qui sont au sommet de ma wishlist.

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